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Les services écosystémiques forestiers

Contexte d’apparition du concept des Services Écosystémiques Forestiers

Prise de conscience des pressions anthropiques sur les écosystèmes : dégradation et destruction des habitats, pollutions, changements climatiques, surexploitation des ressources, introduction d’espèces invasives.

Des pressions qui ont un effet sur le bien-être humain : baisse de productivité, effets sur la santé, accès à l’eau potable de plus en plus difficile, dégradation des conditions de vie des plus pauvres

La notion de service écosystémique (SE) a été mise en avant dans le but de souligner la dépendance des sociétés humaines à l’égard de la nature (Westman, 1977 ; Ehrlich et Ehrlich, 1981 ; Ehrlich et Mooney, 1983 ; Gomez-Baggethun et al., 2010).

Le concept

Le Millennium Ecosystem Assessment (MEA 2005) a souligné l’importance des effets des changements des SE sur le bien-être humain
Cette évaluation a été suivie par l’initiative The Economics of Ecosystems and Biodiversity (TEEB, 2010), qui a montré comment « les concepts et outils économiques peuvent aider à doter la société des moyens d’intégrer les valeurs de la nature dans la prise de décision à tous les niveaux ».

Des pressions qui ont un effet sur le bien-être humain : baisse de productivité, effets sur la santé, accès à l’eau potable de plus en plus difficile, dégradation des conditions de vie des plus pauvres

La notion de service écosystémique (SE) a été mise en avant dans le but de souligner la dépendance des sociétés humaines à l’égard de la nature (Westman, 1977 ; Ehrlich et Ehrlich, 1981 ; Ehrlich et Mooney, 1983 ; Gomez-Baggethun et al., 2010).

Les définitions

Les services écosystémiques désignent les conditions et les processus par lesquels les écosystèmes naturels, et les espèces qui les constituent, soutiennent et satisfont la vie humaine (Daily, 1997, p. 3).

Les services écosystémiques désignent les avantages (« benefits ») que les hommes tirent des écosystèmes (MEA, 2005).

Diaz et al. (2018) préfèrent utiliser la notion de « contributions de la nature aux personnes », qui englobent l’ensemble des contributions, tant positives que négatives, de la nature vivante (diversité des organismes, écosystèmes et processus écologiques et évolutifs associés) à la qualité de vie des personnes.

Les services écosystémiques à l’intersection entre les fonctions de production écosystémique et économique

Le cadre de MEA classe les services écosystémique en quatre types principaux

Des catégorisations de services écosystémique qui ont évolué

D’autres systèmes de classification ont vu le jour.
Le système CICES (Common International Classification for Ecosystem Services) de l’Agence européenne pour l’environnement est aujourd’hui le plus utilisé (La Notte et al., 2017) :
La catégorie des services de support n’existe plus, mais une nouvelle catégorie est créée : les services de régulation et de maintenance. Sur la base du « cadre en cascade » (Haines-Young and Potschin, 2010), qui établit une distinction entre structure biophysique, fonctions, services et avantages, les services de support sont considérés comme des fonctions.

Relation entre biodiversité, fonctions, services et bien-être humain

Quelques réflexions et critiques

Problème de la monétarisation

Virginie Maris (philosophe) est très critique de la « monétarisation » de la biodiversité et des services écosystémiques (SE) : « un rapport à la nature qui est un rapport systématique de domination et d’instrumentation ». La biodiversité est assimilée aux SE, ce qui entraîne une marchandisation de la nature… La valeur des SE est infinie. »

Une vision anthropocentrée

On utilise de plus en plus un cadre de « contributions de la nature aux personnes » dans lequel les contextes institutionnels et culturels sont pris en compte de manière explicite, et l’accent est mis sur les valeurs relationnelles, en plus des valeurs instrumentales. Ce cadre reste anthropocentré, mais il reconnaît que la nature peut posséder des droits et des valeurs intrinsèques en dehors de la sphère d’évaluation humaine.

Ethique environnementale : prise en compte de la valeur intrinsèque de la nature tout en intégrant sa valeur instrumentale, au-delà d’une vision strictement anthropocentrée.

“it is not acceptable to assume that other species—at least, sentient animals—only have an instrumental value for humans” (Treich, 2022)

Le concept peut aussi s’avérer contre-productif. Par exemple, l’optimisation des SE peut nuire à la qualité des milieux ou à la conservation de la biodiversité.

Références bibliographiques

  • Daily G.C., 1997. Nature’s Services: Societal Dependence on Natural Ecosystems. Washington D. C., Island Press, 392 p.
    Díaz S. et al., 2018,. Assessing natures contributions to people: Recognizing culture, and diverse sources of knowledge, can improve assessments, Science, vol. 359, 6373, 270-272.
    de Groot, R., Fisher, B., Christie, M., Aronson, J., Braat, L., Gowdy, J., Haines-Young, R., Maltby, E., Neuville, A., Polasky, S., Portela, R., Ring, I. 2012. Chapter 1. Integrating the ecological and economic dimensions in biodiversity and ecosystem service valuation, in: Kumar, P. (Ed.), TEEB. Ecological and Economic foundations. Routledge.
  • Ehrlich P.R., Ehrlich A.H. 1981. Extinction: The Causes and Consequences of the Disappearance of Species. Random House, New York, 72-98.
  • Gómez-Baggethun E., de Groot R., Lomas P.L., Montes C. 2010. The history of ecosystem services in economic theory and practice: From early notions to markets and payment schemes, Ecological Economics 69, 1209-1218.
    La Notte, A., D’Amato, D., Mäkinen, H., Paracchini, M. L., Liquete, C., Egoh, B., Geneletti, D., & Crossman, N. D. (2017). Ecosystem services classification: A systems ecology perspective of the cascade framework. Ecological Indicators, 74, 392–402.
  • MEA 2005. Ecosystems and Human Well-being: Current State and Trends: findings of the Condition and Trends Working Group, edited by R. Hassan, R. Scholes, N. Ash, Volume 1, Island Press, Washington, DC.
    Haines-Young R., Potshin M. 2010. The links between biodiversity, ecosystem services and human well-being, Raffaelli, D. J., C. L. J. Frid, Ecosystem Ecology : A New Synthesis, Cambridge University Press, 176 p
  • Maris V. 2014 Nature à vendre: Les limites des services écosystémiques. Editions Quae, Sciences en question.
    TEEB (2010), The Economics of Ecosystems and Biodiversity Ecological and Economic Foundations. Edited by Pushpam Kumar. Earthscan: London and Washington.
  • Treich, N. 2022. The Dasgupta Review and the Problem of Anthropocentrism. Environ Resource Econ 83, 973–997. https://doi.org/10.1007/s10640-022-00663-4
  • Westman, W.E. 1977. How much are nature’s services worth. Science, 197(4307), 960-964.

Biodiversité forestière

Les termes « services écosystémiques » et « biodiversité » sont étroitement liés mais désignent des concepts différents.

 

La biodiversité désigne la variété des formes de vie présentes dans un écosystème, incluant les plantes, les animaux, les micro-organismes et la diversité génétique qu’ils représentent, ainsi que la diversité des sols, des habitats et des écosystèmes. Dans une forêt, cela englobe :

  • La flore : variété d’espèces d’arbres (chênes, pins, hêtres), d’arbustes et de plantes (fougères, lichens).
  • La faune : animaux tels que oiseaux, mammifères, insectes.
  • La diversité des sols : variété des organismes vivants présents dans le sol, tels que les champignons, les bactéries, les vers et autres micro-organismes
  • ainsi que les interactions entre eux.

 

La biodiversité est la richesse en espèces et interactions biologiques d’un écosystème, tandis que les SE sont les avantages directs ou indirects que les humains retirent de cette biodiversité et du fonctionnement de l’écosystème.

 

En résumé, la biodiversité d’une forêt est ce qui permet à l’écosystème de fonctionner efficacement, tandis que les SE sont ce que nous en retirons. Une forêt avec une biodiversité riche est souvent plus résiliente et fournit une plus grande variété de SE.

Foire aux questions Services Écosystémiques Forestiers

Les forêts jouent un rôle crucial dans notre environnement et notre quotidien grâce à leurs nombreux services écosystémiques. Mais que signifient exactement ces services et comment nous impactent-ils ?


Cette foire aux questions vous donnera des réponses claires et concises aux questions les plus courantes sur les services écosystémiques forestiers

Les services écosystémiques forestiers (SEF) sont les multiples avantages que les écosystèmes forestiers apportent aux êtres humains. Ils incluent des ressources matérielles telles que le bois et les produits non ligneux, des régulations écologiques telles que la purification de l’eau et la régulation globale (séquestration du carbone) et locale (baisse des températures) du climat, ainsi que des avantages culturels et récréatifs.

Selon le système CICES (Common International Classification for Ecosystem Services), il existe trois catégories de services écosystémiques (SE) : les services d’approvisionnement, les services de régulation et de maintenance, et les services culturels.
Pour les services écosystémiques forestiers, on a donc : les services d’approvisionnement (ressources matérielles comme le bois et les plantes médicinales), les services de régulation et de maintenance (purification de l’eau, régulation du climat), et les services culturels (récréation, valeurs spirituelles et esthétiques).

Les forêts jouent un rôle crucial dans la régulation du climat en séquestrant le dioxyde de carbone (CO2) à travers la photosynthèse. Les arbres absorbent le CO2 de l’atmosphère et le stockent sous forme de biomasse, réduisant ainsi la concentration de ce gaz à effet de serre et contribuant à atténuer le changement climatique.

Les forêts abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales, et offrent des habitats variés ainsi que des conditions favorables à la vie. Cette biodiversité est essentielle à la résilience des écosystèmes, car elle permet aux forêts de s’adapter aux changements environnementaux et de maintenir leurs fonctions écologiques.

Les forêts abritent une grande diversité d’espèces animales et végétales, et offrent des habitats variés ainsi que des conditions favorables à la vie. Cette biodiversité est essentielle à la résilience des écosystèmes, car elle permet aux forêts de s’adapter aux changements environnementaux et de maintenir leurs fonctions écologiques.

Les SEF soutiennent l’économie locale en fournissant des ressources comme le bois et les produits non ligneux, et en créant des emplois dans les secteurs de la sylviculture, du tourisme et de la récolte de produits forestiers. Ils contribuent également à la santé et au bien-être des communautés locales, favorisant des modes de vie durables.

Les forêts offrent de nombreux avantages récréatifs, comme la randonnée, le camping, l’observation de la faune et les activités de plein air, qui contribuent au bien-être physique et mental des individus. Elles ont également une valeur culturelle, esthétique et spirituelle, et servent de lieux de méditation, de pratiques religieuses et de préservation des traditions locales.

Les forêts purifient l’eau en agissant comme des filtres naturels. Les sols forestiers retiennent les sédiments et les polluants, tandis que les racines des arbres absorbent les nutriments en excès et les contaminants. Ce processus améliore la qualité de l’eau qui s’infiltre dans les nappes phréatiques et qui s’écoule vers les rivières et les lacs.

Il est crucial de conserver les forêts pour les générations futures, car elles abritent une biodiversité riche, remplissent des fonctions écologiques essentielles et jouent un rôle crucial en fournissant de nombreux services vitaux à la société humaine. Elles régulent le climat, purifient l’eau et fournissent des ressources renouvelables. La perte des forêts entraînerait des impacts négatifs irréversibles sur l’environnement et le bien-être humain.

La déforestation a des effets dévastateurs sur les services écosystémiques forestiers. Elle réduit la capacité des forêts à séquestrer le carbone, contribuant ainsi au changement climatique ; elle détruit les habitats et menace la biodiversité. Elle dégrade également les sols, perturbant le cycle des nutriments et diminuant la qualité de l’eau, tout en affectant les moyens de subsistance des communautés locales qui dépendent des ressources forestières.

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